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IR 2019 : la DGFIP transformée en grande maison de P.A.S. !
Le doute n’est désormais plus permis : nous avons bel et bien affaire à une bande de voyous arrivistes, prétentieux, incompétents et méprisants dont le seul dogme, derrière des promesses racoleuses, est « tout pour ma tronche, rien pour les autres ». Et alors même que le vent tourne, tandis qu’il est affaibli par des tempêtes de plus en plus grosses, le gouvernement, dans une fuite en avant bornée, poursuit son travail de destruction, quelles qu’en soient les conséquences. Ainsi, pour suivre leur Business Plan à la lettre, nos dirigeants ont-ils confié quelques travaux à une petite entreprise de broyage et d’élagage du nom de DGFIP avec pour but, à moyens termes, de supprimer l’Impôt sur le Revenu et les dizaines de milliers d’emplois qui vont avec. L’une de leurs méthodes (bien qu’inadaptée et dysfonctionnelle), l’un de leurs produits-phares inondera bientôt les marchés après une campagne de communication s’élevant à 4,5 millions d’Euros. Attention mesdames et messieurs, ouvrez grands les yeux et retenez votre souffle ! Car voici (roulement de tambour) : le Prélèvement À la Source ! Tada !
Le premier bonimenteur venu vous dira que le PAS, c’est moderne. Pour un système de prélèvement mis en place il y a plus d’un siècle dans plusieurs pays qui s’interrogent sur sa pérennité, tu parles d’un modernisme ! Bientôt, l’état nous vantera les qualités du minitel...
N’importe quel rabatteur vous dira que le PAS, c’est simple. Oui, surtout pour un célibataire sans enfant... Et puis il faudra toujours déposer une déclaration de revenus. Et puis il y a des bugs informatiques (plus de 590 000 lors de la période de test). Et puis l’ajout d’un tiers collecteur va immanquablement faire chuter le taux de recouvrement (d’après une étude, en comparaison des difficultés de recouvrement de la TVA, l’état pourrait perdre 8 milliards de recettes fiscales). Mais bon, pas d’inquiétude, le PAS reste simple comme un jeu d’enfant. Quand on sait à quel point les enfants peuvent être cruels…
Les meilleurs des propagandistes vous certifieront que le PAS, c’est juste. C’est juste quoi ? Ben, c’est juste injuste… d’abord parce que le mode de calcul ne change pas : fondé sur les revenus annuels, il se basera sur la dernière déclaration faite. Ainsi, en 2019, on paiera un impôt calculé d’après nos revenus de 2017 ! Oh, comme c’est contemporain ! Et si votre situation familiale change
(mariage, divorce, naissance, nouvelles sources de revenus…), vous devrez en avertir le fisc le plus vite possible (quand on vient d’accoucher ou de divorcer, le premier réflexe est d’aller sur impôts.gouv, c’est évident), avec un ajustement de votre taux effectif trois mois plus tard ! Et la régularisation n’interviendra qu’en septembre 2020, une fois l’IR19 calculé ! En attendant d’être remboursé, vous aurez fait un crédit gratuit à l’état ! Et comme votre patron pourra reverser l’impôt collecté trimestriellement et qu’il pourra, en attendant, utiliser cet argent à sa guise, vous lui ferez à lui aussi un crédit gratuit ! Oh, quel gain de trésorerie pour les ménages ! Et que penser des acomptes prélevés simultanément sur les comptes bancaires pour les revenus sans collecteurs (revenus des indépendants, pensions alimentaires) ? Et que dire des petites entreprises qui devront faire appel aux éditeurs de logiciels de paie qui ne manqueront pas de leur facturer leurs services au prix fort ? Ah, quel sens de la justice !
Enfin, tous les camelots en marche vous citeront Gérald Darmanin qui, dans son discours du 11 juillet dernier, s’est dit conscient que « le service public (…) est la richesse de ceux qui n’en n’ont pas ». Quel meilleur moyen de nous remercier que le CAP 2022 ! 50 000 emplois supprimés alors que les CFP, réduits à peau de chagrin, devront gérer des hordes de contribuables perdus, sollicitant le recalcul de leur impôt, demandant des comptes sur le montant de leur prélèvement ou sur le remboursement de leurs crédits d’impôts, alors que des pans entiers de notre travail sont transférés petit à petit vers un service privé payant, alors que certaines missions (comme la mise à jour de la TH) seront abandonnées dans l’urgence ! Quand les agents d’accueil, à force d’être confrontés à la furie des usagers, quand les collègues des secteurs, submergés par les contentieux seront à bout, ils n’auront plus qu’à traverser la rue pour faire la plonge… Merci qui ?
Oui, le PAS est une catastrophe annoncée. Oui, tous ensemble, nous devons agir pour garder nos missions, nos emplois et notre service public. Nous devons nous assembler pour obtenir le retrait du PAS, exiger le comblement de tous les postes vacants par des agents titulaires, et obtenir la création des postes à hauteur des besoins à la DGFIP.
MOBILISONS-NOUS !
Publié dans le Mouton Noir n°10
Article publié le 3 septembre 2018.